Résultats de recherche

Thank you! Your submission has been received!
Oops! Something went wrong while submitting the form.
"La RSE doit être au coeur de la stratégie de l'entreprise"

Nicolas Mottis est économiste et professeur à l’ESSEC. Il s’intéresse à deux domaines de recherche principaux : la gestion de projets dans les environnements high-tech et le pilotage des performances sur les marchés financiers avec notamment les aspects liés aux interactions entre les firmes et ses mêmes marchés financiers. Il répond à nos questions sur la RSE (Responsabilité sociale des entreprises) et sur l’innovation.

Vous vous intéressez au concept de «création de valeur », pouvez-vous préciser cette notion ? Quelle est votre approche sur les liens entre valeurs financières et impacts environnementaux et bien-être des salariés dans une entreprise ?

Pendant longtemps, la vision de la performance était dominée par les critères de performances financière pour l’actionnaire. Depuis 15-20 ans, cette dimension de la performance a connu une forte montée en puissance, avec par exemple comme conséquence les débats sur l'alignement des rémunérations des dirigeants sur l'intérêt des actionnaires. Par la suite, les performances financières ont été mises en lien avec des critères extra-financiers, ou E.S.G (Environnemental, social, de gouvernance). De nombreuses études ont été publiées sur les liens entre performances financières et ESG, mais les conclusions sont encore très ouvertes. En effet, création de valeur pour l'actionnaire et performances ESG ne vont pas forcément de pair. Cela est d'autant plus sensible en période de crise, alors que de nombreux dirigeants d’entreprise se demandent si les éléments E.S.G vont réellement permettre à leurs entreprises de se consolider.

"En période de crise, de nombreux dirigeants d’entreprise se demandent si les éléments E.S.G vont réellement permettre à leurs entreprises de se consolider." Nicolas Mottis, économiste

Pour une entreprise, dans quelle mesure, le développement durable est-il un investissement qui peut s’avérer rentable à moyen et long terme ? Quels sont les avantages offerts aux entreprises qui choisissent de se positionner sur ce segment ?

Il y a quatre cas assez simples. Le premier cas concerne la majorité des entreprises. Faire des économies d’énergie, adapter des attitudes éco-responsables permet de faire des économies : isolation du bâtiment, plan de mobilité, économie de papier, de matières premières…Ici, on fait des gains sur les deux tableaux.

Le deuxième cas concerne des entreprises qui sont concernées par une réglementation en place ou à venir. Le fait d’anticiper offre alors un avantage concurrentiel pour ses structures que ce soit auprès des clients pour un appel d’offre ou auprès des autorités…

Le troisième cas évoque les entreprises qui sont dans une situation contradictoire. Elles décident de faire des efforts mais savent déjà que cela va leur coûter de l’argent. Cette décision s’inscrit dans une approche, une vision à moyen terme. En période de crise, les critères E.S.G ne sont alors plus privilégiés.

Enfin, le quatrième cas met en avant des entreprises qui décident de travailler sur la RSE pour redéfinir leur façon de faire du business, elles choisissent la voie de l’innovation pour proposer de nouvelles façons de faire, de nouveaux usages, de repenser leur modèle. Cela concerne notamment les entreprises de l’économie de fonctionnalité (on ne vend plus un bien mais l’usage de ce bien). Ce quatrième cas n’est pas le plus répandu même si de grands groupes et des PME s’y intéressent depuis environ 5 ans, il se situe davantage dans sa phase de réflexion et d’exploration.

"En France comme en Europe, il y a tout d’abord un frein structurel, un frein mental à considérer que la RSE serait une sorte de lubie des dirigeants, un simple outil de communication." Nicolas Mottis

Selon vous, quels sont en France les freins à l'innovation en matière de développement durable?

En France comme en Europe, il y a tout d’abord un frein structurel, un frein mental à considérer que la RSE serait une sorte de lubie des dirigeants, un simple outil de communication. Beaucoup estiment encore qu’elle est périphérique au métier, qu’elle est une contrainte alors qu’elle doit être au cœur de la stratégie d’une entreprise. L’autre frein est à mon sens conjecturel. Aujourd’hui, la préoccupation des entreprises c’est déjà de survivre, les dirigeants des PME sont assez stressés et voient la RSE comme quelque chose de secondaire.

Quelles innovations en lien avec le développement durable vous semblent aujourd'hui les plus prometteuses ?

Il y a beaucoup de choses intéressantes sur la question de l’efficacité énergétique pour différents acteurs (énergéticiens, distributeurs d’énergie, industries) avec notamment l’intégration de nouvelles sources d’énergies, l’optimisation des process, l’intégration dans les réseaux et le rôle des systèmes d’informations…

"L’urgence, c’est de redonner confiance aux entrepreneurs et dirigeants qui sont à l’heure actuelle en phase de report ou même d’annulation de leurs projets." Nicolas Mottis

Dans quelle mesure les innovations liées au thème du développement durable peuvent-elles être une piste pour sortir de la crise ?

Je pense qu’il s’agit d’une piste comme une autre mais qu’en période de crise, l’enjeu central, l’urgence, c’est de redonner confiance aux entrepreneurs et dirigeants qui sont à l’heure actuelle en phase de report ou même d’annulation de leurs projets. Le levier de l’innovation pour créer de nouveaux projets, de nouveaux services a un rôle à jouer mais à moyen terme car cela demande un investissement temps important et pas forcément d’argent.

Que pensez-vous de la politique du gouvernement en la matière, va-t-elle assez loin ?

Je pense que le gouvernement a un rôle clé à jouer et que la politique actuelle en fait déjà beaucoup même si on voudrait toujours que les autorités en fassent plus. Le gouvernement fait notamment des choses intéressantes sur la question de la rénovation thermique et son ambition de structurer les filières. Le rôle du gouvernement, son positionnement doit surtout être de proposer une vision longue et une stabilité dans ses orientations pour soutenir l’innovation qui a besoin de constance et d’équilibre…

2012-10-16
Rénovation thermique et précarité énergétique, du discours aux actes ?

Certes, la réglementation thermique est de plus en plus ambitieuse : la RT 2012 rentre en vigueur au 1er janvier 2013 et en 2020, le bâtiment à énergie positive sera la norme dans le neuf. Toutefois, l’enjeu ne se situe évidemment pas que dans le neuf et l’un des points cruciaux de la question du logement est la rénovation thermique. La Conférence environnementale des 14 et 15 septembre a amorcé la question. Présentation des enjeux.

Le volet de la transition énergétique ouvert

C’était un des engagements de la campagne électorale : à l'horizon 2025, François Hollande veut réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75% à 50%. Une ambition qui suppose d’augmenter la part des énergies renouvelables à 40% (environ 15% actuellement), mais semble difficilement tenable sans penser la sobriété énergétique des logements. Ainsi, lors de la Conférence Environnementale des 14 et 15 septembre dernier, un objectif ambitieux a été annoncé en matière de réhabilitation des logements: «doter chaque année, un million de logements neufs et rénovés d’une isolation thermique de qualité. »

Delphine Batho, ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie et Cécile Duflot, ministre de l’égalité des territoires et du logement ont confié à Philippe Pelletier, avocat et ancien président du Plan Bâtiment Grenelle, entre janvier 2009 et juillet 2012, le pilotage et la mise en œuvre du nouveau plan de performance thermique des logements. Dans la lettre de mission, les deux ministères rappellent que l’enjeu n’est pas uniquement énergétique et environnemental mais qu’il s’agit ici d’une « exigence sociale» : « En luttant contre la précarité énergétique et en contenant la hausse des charges en chauffage, ce plan contribuera à améliorer le pouvoir d’achat des ménages tout en donnant un souffle nouveau au secteur de la construction ». Les enjeux annoncés : enrayer la hausse des dépenses d’énergie, limiter les émissions de gaz à effet de serre ou encore réhabiliter les logements insalubres…

Selon une étude de l’Insee, en France métropolitaine, 3,5 millions de ménages ont déclaré avoir souffert du froid dans leur logement au cours de l’hiver 2005.

La précarité énergétique toucherait près de 4 millions de personnes en France

Selon une étude de l’Insee, en France métropolitaine, 3,5 millions de ménages ont déclaré avoir souffert du froid dans leur logement au cours de l’hiver 2005. Les principales raisons invoquées sont relatives à l’état du logement : une mauvaise isolation (41 % des ménages interrogés), une installation de chauffage insuffisante (33 % des situations) et une panne (ponctuelle, récurrente ou pérenne) de l’installation (18 % des cas). Par ailleurs, dans plus d’un cas sur cinq, les ménages limitent leur consommation de chauffage en raison de son coût. Selon l’Ademe, les 20 % de ménages les plus pauvres consacrent à l’énergie une part de budget 2,5 fois plus élevée que les 20 % les plus riches… Des tarifs sociaux et des aides diverses existent, dans le cadre notamment du service public de l'électricité et du gaz, mais les chiffres de cette précarité suscitent l’interrogation sur leur performance. Jugée insuffisante pour beaucoup d’acteurs, la tarification progressive du gaz, de l'eau et de l'électricité devrait bientôt voir le jour (le texte sera présenté au Parlement d'ici fin octobre ou début novembre). Une nouvelle mesure attendue alors même que l’augmentation du prix de l’électricité a été annoncée en juillet dernier dans un rapport du Sénat se basant sur projections de la Commission de régulation de l'énergie (CRE): la facture moyenne d'électricité d'un ménage français va s'alourdir de 50 % d'ici à 2020 compte tenu des investissements élevés du renouvelable et ceux du nucléaire.

Un marché qui se porte bien

En juillet 2012, l’Observatoire Permanent de l’amélioration Energétique du logement (OPEN), financé par l’ADEME, a publié les résultats de son étude annuelle sur la rénovation thermique dans l’habitat portant sur l’année 2010. Si le marché de l’entretien-amélioration des logements est en baisse en 2010, les travaux portant sur l’amélioration de la performance énergétique sont les seuls à progresser. Les ménages deviennent de plus en plus vigilants sur le plan de la qualité et choisissent des solutions techniques toujours plus performantes.

Le marché de la rénovation du logement se structure autour de 3 axes : l’amélioration du chauffage, l’isolation des ouvertures et l’isolation des parois opaques (toitures, façades).

Les chantiers portent en priorité sur l’isolation des ouvertures et des parois, ainsi que sur l’amélioration du chauffage. En 2010, 300 000 logements au total ont été rénovés au niveau thermique, ce qui représente plus d’un point de plus qu’en 2008. Le marché de la rénovation du logement se structure autour de 3 axes : l’amélioration du chauffage, l’isolation des ouvertures et l’isolation des parois opaques (toitures, façades).

Des aides inefficaces ?

Toutefois, ces chiffres ne nous renseignent pas sur le niveau de vie des habitants effectuant des travaux de rénovation. Les foyers les plus modestes ont-ils accès aux aides ? Le précédent gouvernement avait déjà lancé une mission sur la précarité énergétique orchestrée par Philippe Pelletier. Le rapport, rendu en janvier 2010 soulignait « une accessibilité différenciée des ménages en situation de précarité énergétique aux dispositifs de droit commun : L’éco-PTZ est en pratique peu accessible aux plus modestes du fait de la faiblesse de leur revenu, d’un profil emprunteur peu « sécurisant » pour les prêteurs, le Crédit d'impôt développement durable, s’il est accessible aux ménages non imposables, oblige à avancer les fonds pendant environ 18 mois, ce qui le rend en pratique inaccessible aux ménages les plus modestes qui n’ont pas la trésorerie nécessaire ou encore l'écosubvention de l'Anah, subvention accordée sous condition de ressources , permet de cibler des ménages modestes sans toutefois privilégier les ménages en situation de précarité énergétique »

"La nécessaire transition énergétique ne peut réussir si elle exclut 15 à 20 % de la population !" Extrait d'un communiqué du CLER, réseau pour la transition énergétique

Un bref bilan ? L’inscription de la précarité énergétique dans la loi a été effectuée mais rien quant au « bouclier énergétique » dont il fut question… Dans un communiqué datant du 13 septembre dernier, le CLER, réseau pour la transition énergétique a déclaré : « La nécessaire transition énergétique ne peut réussir si elle exclut 15 à 20 % de la population ! Il est urgent de passer à la vitesse supérieure, non seulement en intervenant massivement sur le parc de logements pour le rendre plus performant, mais aussi en soutenant financièrement et en accompagnant les ménages modestes touchés de plein fouet par cette nouvelle expression de la précarité. »Ce nouveau plan de route sera-t-il plus abouti ? Philippe Pelletier devra poursuivre son travail amorcé dans le cadre du Plan Bâtiment Grenelle, avec comme consigne d’intégrer davantage de personnalités issues du mouvement associatif et des syndicats professionnels. Le pilotage de cette ambition devra être décentralisé avec un rôle de premier plan donné aux collectivités territoriales. L'organisation et la feuille de route du "Plan Bâtiment 2012-2017" devraient être précisées début octobre.

2012-10-09
La ruche qui dit oui ! : anatomie d'un circuit court

D’un côté, un exploitant agricole de petite taille et soucieux de qualité ; de l’autre, des consommateurs en quête d’éthique et de bons produits. Entre les deux, un site Internet qui permet d’organiser la distribution des produits en réseau. Dernier né de la nébuleuse des circuits courts de distribution, La Ruche qui dit oui ! marie habilement innovation sociale et technologie du web…

 

Le temps a beau s’être excessivement rafraîchi, il y a tout de même pas mal de monde sur le parvis de la Gaîté lyrique. Sous l’auvent dressé en prévision d’une averse qui n’arrivera finalement pas, un maraîcher, un apiculteur, un éleveur de canards, un boulanger bio et (cerise sur le gâteau) un producteur de champagne, font déguster magret, pains aux olives ou pains d’épices à une clientèle où dominent les trentenaires, femmes surtout. Un homme, trentenaire également, passe de l’une à l’autre, explique, montre la marche à suivre en bon pédagogue. Il faut dire qu’il ne s’agit pas d’un marché ordinaire. Rien ne s’y vend spontanément, et les produits avec lesquels repartent les clients été commandés et prépayés sur Internet. Pour autant, il ne s’agit pas non plus d’une AMAP (voir notre article sur le sujet) : le consommateur y a choisi librement les victuailles (bio ou pas) qu’il souhaitait acquérir, n’est lié avec le producteur par aucun contrat de 6 mois ou 1 an et n’est pas non plus tenu de participer bénévolement la distribution. Il s’agit en somme d’un modèle inédit, ce qui ne l’empêche pas d’être en plein essor depuis sa création fin 2010 : celui de la Ruche qui dit oui ! Soit un genre de « start-up » (même si ses fondateurs récusent ce terme) où s’amalgament commerce direct et logique de réseau.

Comment fonctionne une ruche ?

Chaque ruche est une entité autonome, créée à l’initiative d’un particulier qui sélectionne un ou plusieurs producteurs et offre à raison d’une fois par semaine ou d’une fois tous les 15 jours un espace d’accueil où seront distribués leurs produits. Collaboratif, le bon fonctionnement d’une ruche nécessite qu’une masse critique de consommateurs s’associent pour acquérir au prix de gros un stock de fruits, légumes, viande, etc. qu’un agriculteur aura mis en vente sur le site de la Ruche et viendra leur livrer. Faute d’atteindre ce nombre critique, la transaction capote. Si elle a lieu, La ruche qui dit oui ! prélève 10% du chiffre d’affaires généré. 10% supplémentaires reviennent à l’organisateur de la ruche.

Chaque ruche est une entité autonome, créée à l’initiative d’un particulier qui sélectionne un ou plusieurs producteurs et offre à raison d’une fois par semaine ou d’une fois tous les 15 jours un espace d’accueil où seront distribués leurs produits.

Souple et éthiquement satisfaisante pour les consommateurs, avantageuse pour les petits producteurs qui voient ainsi gonfler leurs marges, la formule rencontre un certain succès : depuis la mise en ligne du site en décembre 210, 523 ruches se sont créées ou se construisent en France.Soit environ 60 000 personnes.

Entre agir local et idéologie du libre

Pour Guilhem Chéron, son fondateur, ce système de vente directe « cristallise plein de choses ». « Sa nouveauté, explique-t-il, tient à un modèle organisationnel qui articule innovation sociale et technologie de l’Internet. On marie le web avec l’agriculture, et ça, personne ne l’avait jamais fait. »

De fait, comme dans de nombreuses initiatives dites de consommation collaborative, Internet est au cœur du dispositif : c’est l’outil qui permet aux producteurs et consommateurs de raccourcir le circuit de distribution. C’est pourquoi sur les 12 salariés de la Ruche, 6 sont des développeurs. Mais le réseau des réseaux n’est pas seulement un moyen, un simple média. Il fournit aussi à la Ruche son cadre philosophique et organisationnel. Davantage façonné par l’ « idéologie du libre » que par l’écologie ou les utopies communautaires, Guilhem Chéron prône ainsi un système distribué, collaboratif et autonome : « On ne peut pas faire du local avec une intelligence nationale, explique-t-il. Le local s’invente lui-même et trouve ses propres solutions. C’est pourquoi nous intervenons le moins possible dans le fonctionnement des ruches. Chacune d’entre elles a une mélodie différente, et nous contentons de faire en sorte qu’il n’y ait pas de problèmes d’hygiène ni d’abus. C’est pour ça que ça marche ! »

"On marie le web avec l’agriculture, et ça, personne ne l’avait jamais fait." Guilhem Chéron, fondateur de La Ruche qui dit oui !

Une formule pas si bon marché

Chez les militants des circuits courts rompus à la formule des AMAP et des food coop, ce nouveau modèle de distribution fait pourtant grincer quelques dents. Ce qu’on reproche à la Ruche qui dit oui ? D’être une société commerciale (elle a la forme juridique d’une SAS), de ne pas imposer l’agriculture bio ni même l’agriculture locale (mais la forme du circuit court attire de fait les exploitations locales et de petite taille), de tourner le dos au bénévolat. Sur ce dernier point, Guilhem Chéron se défend : « les organisateurs de ruches travaillent, c’est donc normal qu’ils soient payés. Il faut donner aux gens les moyens de développer des projets, de gagner leur vie. »

Comme toutes les initiatives visant à rapprocher le producteur du consommateur et à favoriser les échanges locaux, la Ruche se voit aussi taxer de truc-de-bobos-qui-ont-les-moyens. Guilhem Chéron concède que les produits proposés ne sont pas spécialement bon marché et que les motivations des « abeilles » sont surtout d’ordre éthique. Mais « entre la PAC et la vente à perte, la perception qu'ont les consommateurs du prix des aliments est totalement distordue, rappelle-t-il. Notre marge est minimale, et les agriculteurs avec lesquels nous travaillons se contentent d’un SMIC. Dans ces conditions, les tarifs pratiqués dans les ruches sont les prix justes. »

2012-09-20
Écrit par
Pierre Monsegur
Une mer de plastique à Zurich

A Zurich, l’exposition « Out of Sea ? : the plastic garbage project » au musée du design aborde le cycle de vie du plastique à travers l’exemple des « garbage patchs », ces continents de déchets formés au large des océans. L’occasion de questionner l’impact sur la vie marine d’un matériau dont la longévité pose problème.

En 1997, le navigateur Charles Moore découvrait un continent de plastique de plusieurs millions de km2 au large du Pacifique. Depuis, on sait que des « Garbage patchs » se sont aussi formés sous l’effet des courants marins dans le Pacifique sud, l’Atlantique et l’Océan Indien. Spectaculaires, vertigineuses, ces poubelles flottantes ont très largement frappé l’esprit du grand public, jusqu’à devenir l’emblème d’un système de production fondé sur le gaspillage et l’obsolescence.

Les déchets plastiques et leurs conséquences sur les mers

D’où le parti-pris du Museum für Gestaltung (musée du design) à Zürich : en faire le point de départ d’une exposition didactique (et gratuite) sur les matières plastiques. Distribuée autour d’un vaste amas de bouteilles, vieux bidons, emballages, jouets, etc., dont certains n’auront servi que quelques minutes ou quelques secondes avant d’être jetés, celle-ci aborde son sujet via l’énorme quantité de déchets absorbés chaque année par les milieux marins – soit 6,4 millions de tonnes, dont 80% provient du continent. Non biodégradables, ces déchets tapissent le fond des océans ou flottent à la surface (pour 15% d’entre eux), et se décomposent en particules de plus en plus fines. Conséquence : quand ils ne les tuent pas, ils sont ingurgités par les animaux marins et entrent dans la chaîne alimentaire…Pour mieux donner la mesure du phénomène, le parcours de l’exposition dresse une sorte d’archéologie du présent : face aux vidéos, photographies, œuvres d’art et documents montrant la manière dont le plastique affecte la vie marine, sont exposés les objets les plus familiers. Certains sont tout au plus légèrement corrodés par le sel, d’autres se trouvent réduits à l’état de micro-éléments qu’on prendrait presque pour du sable. Cette volonté de coller au quotidien est la grande force du Plastic garbage project : elle montre que ce sont nos comportements quotidiens qui font des océans une vaste décharge…[media]491[/media]

Le plastique, un matériau omniprésent dans la vie quotidienne

Le second volet de l’exposition souligne davantage encore la causalité entre « garbage patchs » et modes de vie contemporains. Abordant le plastique comme un matériau (après tout, nous sommes au musée du design), il en explique la composition et les différents usages dans la vie quotidienne. Est ainsi rappelé que les polymères (autre nom du plastique) sont des rejetons du pétrole, et en sont énumérés les différentes formes, du polyéthylène au polyuréthane… Derrière l’opacité des noms et des formules chimiques, c’est tout notre quotidien qui s’égrène : bouteilles, emballages, textiles, CD et DVD, biberons, outils, etc. En Europe de l’Ouest en effet, 92 kilos de plastiques per capita sont consommés chaque année.Que faire pour que ces objets n’aboutissent en fin de vie dans les océans, avec les conséquences que l’on sait ? C’est tout l’enjeu de l’exposition. En regard de chaque usage, sont évoquées des alternatives : plastiques végétaux, recyclage, upcycling, downcycling, cradle to cradle... En attendant un changement à grande échelle des modes de production, le musée propose même aux visiteurs un espace de recyclage. Et pour inciter le plus grand nombre à un changement de comportement, le Plastic garbage project sera ensuite convoyé à Hambourg et Copenhague… par voie maritime, bien sûr !

2012-09-12
Écrit par
Pierre Monsegur
La ville est-elle vraiment moins écolo que la campagne ?

L’image d’une ville polluée, congestionnée et d’une campagne saine et en harmonie avec la nature est-elle une réalité ou un cliché trompeur ? En termes de mobilité, d’habitat, de biodiversité et d’alimentation, les habitants des villes ont-ils un mode de vie et des habitudes moins écologiques que les habitants des campagnes? Le match en 5 manches.

 

« On devrait construire les villes à la campagne car l’air y est plus pur. » La formule, attribuée à Alphonse Allais, dresse une ligne de partage claire : à la ville, la pollution et le bruit, à la campagne l’image positive d’une vie simple et saine. Sauf que : à l’heure où près de la moitié de la population mondiale vit en milieu urbain (à l’horizon 2050, ce nombre atteindra près de 75%), la ville-centre secoue cette étiquette de pollueuse source de tous les vices anti-écolos et s’affiche de plus en plus comme un terrain d’expérimentations et d’innovations en matière de développement durable. Elle a ainsi vu apparaitre sur son sol de nombreuses initiatives plus ou moins balbutiantes: le mouvement des villes en transition, les Cittaslow (villes lentes), les écoquartiers… A telle enseigne qu’aujourd’hui, l'empreinte carbone d'un habitant de New York est trois fois inférieure à celle d'un Américain moyen d'après une étude de l'Institut International pour l'Environnement et le développement. Petite comparaison sur 5 postes clés entre la ville et la campagne…

Mobilité : 1-0 pour la ville

D'après une étude de l'Insee (INSEE Première n°1357, juin 2011) : « Les habitants des pôles urbains émettent deux fois moins de CO2, grâce à un usage plus fréquent des transports en commun et de la marche à pied. Mais les emplois des grandes villes sont également occupés par des périurbains ou des habitants d’autres villes qui parcourent de plus grandes distances, le plus souvent en voiture. Leurs émissions moyennes sont nettement plus élevées. » A ce titre, il est important de prêter attention aux nuances de définitions entre la ville, la campagne et le périurbain…En effet, le périurbain est considéré comme l'ensemble des communes d'une aire urbaine à l'exclusion de son pôle urbain (définition de l’Insee). Cette notion permet d’établir une distinction entre ville-centre et espace périurbain : plus la ville tend vers la campagne et plus elle devient gourmande en transports...

Les habitants des pôles urbains émettent deux fois moins de CO2, grâce à un usage plus fréquent des transports en commun et de la marche à pied.

De cette façon, les temps de transport et la mobilité diffèrent en fonction du lieu d’habitation. Selon une autre enquête de l’Insee (Insee Première N° 1129 mars 2007), « les déplacements domicile-travail sont amplifiés par la périurbanisation : Les salariés domiciliés dans l'espace périurbain quittent généralement leur commune pour aller travailler : cette proportion dépasse 90 % dans les couronnes périurbaines des aires urbaines de moins de 50 000 habitants et dans les couronnes des pôles d'emploi de l'espace à dominante rurale. […]Toutefois, en raison d'une vitesse de circulation plus réduite dans les zones urbaines que dans le périurbain ou l'espace rural, les écarts de temps de trajet, sont plus faibles que ne le sont les écarts de distance. Ainsi, en heure pleine, la durée des trajets pour les salariés domiciliés dans l'espace rural est en moyenne inférieure à celle des résidants des pôles urbains (28 minutes contre 32 minutes). » Malgré l’étalement urbain, la ville est un secteur dense et compact, où les logements et activités sont concentrés et mieux desservis par des transports en commun et où vélos et véhicules en auto-partage contribuent à reléguer la voiture individuelle au second plan. A l’inverse, le schéma classique à la campagne est un habitat individuel diffus dans lequel l’habitant ne peut se déplacer sans sa voiture individuelle et doit parcourir des distances importantes pour aller travailler ou accéder à ses activités et services.

Habitat : 1 point de plus pour… la ville

La gabegie énergétique liée au mode de vie pavillonnaire ne tient pas seulement à la question du transport, mais aussi au type d’habitat lui-même. Professeur américain d'économie urbaine à Harvard, Edward Glaeser a publié un essai intitulé Des villes et des hommes dans lequel il dévoile les multiples qualités et avantages qu’offre la ville. Parmi celles-ci, il souligne le fait « quel les villes ne sont pas néfastes pour l’environnement, bien au contraire ». Dans son chapitre « Quoi de plus écolo que le bitume », il justifie son point de vue en mettant en exergue le facteur de la densité: « Les villes densément peuplées proposent un mode de vie où l’on utilise moins la voiture et où les maisons sont plus petites donc plus faciles à chauffer et à rafraichir ».

"Les villes densément peuplées proposent un mode de vie où l’on utilise moins la voiture et où les maisons sont plus petites donc plus faciles à chauffer et à rafraichir." Edward Glaeser, professeur d'économie urbaine

De plus, la densité permet de limiter l’étalement urbain et ainsi contenir l'imperméabilisation des sols et la place du bitume… Aussi, la ville très dense permet de fortes économies énergétiques : transports en commun, possibilité de chauffage collectif, commerces à proximité. C’est une des raisons pour lesquels le modèle des écoquartiers séduit de plus en plus : il rassemble habitations, entreprises et commerces à proximité tout en repensant la mobilité.

Biodiversité : avantage à la ville

En ville, la nature est présente partout, et à différentes échelles : dans l’habitat sur le balcon, la terrasse, le toit et le mur végétalisé, dans le quartier avec ses squares et jardins, dans la ville avec ses coulées vertes, dans les zones périurbaines soumises au « mitage » des espaces naturels, dans la région avec ses corridors biologiques qui assurent la continuité écologiques (Rapport du Conseil économique et social, La Nature dans la ville, 2007). La ville devient même un refuge pour les abeilles qui fuient les pesticides présents dans les campagnes agricoles et qui trouvent sur les balcons et terrasses une diversité des plantations non-traitées. Une capitale comme Paris compte près de 300 ruches. En 2009, La ville de Toulouse a lancé un recensement de la biodiversité. Résultat : 1 162 espèces recensées (dont près de 8% sont protégées) et 24 réservoirs de biodiversité identifiés.

A contrario, certaines campagnes sont des « déserts agroalimentaires » comme le définit Bernard Farinelli dans son essai L’avenir est à la campagne (2009. Ed. Sang de la Terre) et composées de champs d’agriculture intensive et industrielle où le volume de pesticides fait fuir abeilles et espèces en tout genre. Pour l’écologue Nathalie Machon, professeur au MNHN (Muséum National d’Histoire Naturelle), « la mosaïque des milieux urbains favorise la variété des espèces. Certaines poussent parfois dans les endroits les plus improbables : dans une fracture de bitume, à la jointure d’un immeuble ou dans des parterres entourant les arbres. Une étude a montré qu’à Halle, en Allemagne, la zone urbaine accueille près de 20 % d’espèces supplémentaires par rapport aux zones agricoles périphériques » (La recherche N°422, Sept 2008).

Alimentation : 1 partout

Même si jardiner quelques tomates et laitues semble plus facile à la campagne, l’engouement pour les jardins partagés qui se multiplient dans les centres villes donne l’occasion aux urbains de reprendre contact avec la terre et de cuisinier leurs productions maraichères… Aussi, le développement important des Amap, Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (1600 en France) proposant des paniers de légumes de saison venant directement des producteurs révèlent que le citadin se préoccupe de la qualité de son alimentation et peut avoir accès à des produits sains. L’agriculture urbaine connaît quelques réalisations intéressantes mais qui demeurent confidentielles : jardins potagers inspirés des community gardens nord-américains, prototypes de fermes verticales high-tech promouvant la culture hors-sol…La ville n’est pour le moment pas en mesure de nourrir les quelques 3 milliards de citadins et va devoir s’affranchir de son statut de consommatrice pour devenir lieu de production.

Même si jardiner quelques tomates et laitues semble plus facile à la campagne, l’engouement pour les jardins partagés qui se multiplient dans les centres villes donne l’occasion aux urbains de reprendre contact avec la terre et de cuisinier leurs productions maraichères…

Et la campagne, est-elle plus propice à l’agriculture locale ? L’ouvrage de Bernard Farinelli évoque le travail d’Emmanuel Bailly, ingénieur en environnement et créateur de "l'Indice de Souveraineté Alimentaire®" (ISA), un indicateur permettant d’évaluer l’état de dépendance alimentaire d’un territoire : « Le Limousin couvre ses besoins en pommes de terre à 23,5%, en poulets à 13,23%, en œufs à 24,5 %». Preuve que l’autosuffisance alimentaire a perdu du terrain sous le coup, selon l’auteur, « du changement des mentalités des consommateurs et […]de l’urbanisation qui change la donne en matière de mœurs ». Toutefois, on ne peut exclure une agriculture de subsistance dans les potagers et vergers, nombreux en milieu rural et la réaffirmation d’une consommation « locavore » à travers le développement également manifeste des paniers et des ventes directs auprès de fermiers et producteurs locaux.

Qualité de l’air : match nul ?

Quid de l’air ? Est-il vraiment plus pur à la campagne ? Quel est l’impact sanitaire des pesticides sur les agriculteurs et les habitants des campagnes ? Des études contradictoires sont publiées sur le sujet et il est difficile de trouver des chiffres précis qui mettent directement en cause les pesticides dans le développement de maladies et de cancers. Pour la Mutuelle sociale agricole (MSA), 42 maladies professionnelles dues aux produits phytosanitaires ont été reconnues depuis 2002 même si ses chiffres sont considérés comme édulcorés par certains médecins et associations. Des chercheurs de l'Inserm ont annoncé que chez les agriculteurs, l'exposition aux pesticides double le risque de survenue de la maladie de Parkinson. Un chiffre qui pose la question du rôle d’une contamination résiduelle de la population générale... Et pour l’amiante ? Interdit depuis 1997, il est présent dans de nombreux bâtiments agricoles sous forme de plaques ou de tôles (toitures, faux-plafonds, dalles…) ou contenu dans les plaques en fibro-ciment. Selon un article paru dans le Télégramme, « les plaques de fibro-ciment [ …]équipent les toits, voire les murs, de 85% des hangars agricoles en Bretagne. »

Quant à la ville, elle concentre des émissions néfastes pour la santé et l’environnement : dioxyde de carbone, particules fines, COV (composés organiques volatiles) qui entrainent le développement de maladies respiratoires. Et les chiffres le prouvent : selon des estimations américaines, un lien de corrélation peut être effectué entre le niveau de pollution atmosphérique et l'évolution de l'espérance de vie. Le gain de vie des habitants pourrait atteindre jusqu'à 10 mois entre une ville polluée et une ville « propre ». Autre étude qui corrobore ces chiffres : selon l’étude européenne «Aphekom », l’espérance de vie diminue avec la pollution automobile, elle est donc plus faible dans les grandes agglomérations que dans les petites villes et à la campagne. L’enquête révèle notamment que vivre près de routes très fréquentées augmente considérablement le taux de mortalité attribuable à la pollution atmosphérique. Dans le même temps, l’Ile de France est la région où la mortalité est la plus basse et la région où les hommes vivent le plus longtemps (77,3 ans), devant le quart sud-ouest de l’hexagone. L’Insee souligne cependant qu’il s’agit d’une exception (liée à la forte proportion de cadres et professions intellectuelles supérieures), car dans le reste de la France, les habitants du centre-ville décèdent plus jeunes que ceux des banlieues.

"Définissons la ville positive comme une ville dont la performance écologique est telle qu'elle répare l'environnement : production de ressources renouvelables, dépollution, création de biodiversité, production nette d'énergie renouvelable, amélioration de la santé et de la qualité de vie, stockage de carbone." Rodolphe Deborre, directeur associé de BeCitizen

A rebours de bien des idées reçues, la ville s’avère donc globalement plus écolo que la campagne et un terrain fertile pour des initiatives encourageantes. Selon Rodolphe Deborre, directeur associé de BeCitizen, société de conseil stratégique en développement durable qui a définit le concept de « ville positive », l’urbanisme pourrait même réparer l’environnement : « définissons la ville positive comme une ville dont la performance écologique est telle qu'elle répare l'environnement : production de ressources renouvelables, dépollution, création de biodiversité, production nette d'énergie renouvelable, amélioration de la santé et de la qualité de vie, stockage de carbone. » Une ville « régénératrice » d’environnement, l’ambition ultime de la cité ?

 

2012-09-10
Favoriser les énergies renouvelables, un véritable levier de croissance ?

Selon une étude BVA/ Evasol de Juillet 2012, 94% des Français pensent que l'énergie va devenir de plus en plus chère d'ici 2 ans et 56% envisagent de réaliser des travaux dans cette optique.

Alors que de nombreuses niches fiscales pour favoriser le financement de travaux permettant des économies d’énergies ont été rabotées et que la filière du photovoltaïque traverse une crise importante, le secteur des énergies renouvelables est-il une piste à investir pour plus de croissance ?

Petit rappel du contexte : avec la Réglementation Thermique 2012 (RT2012), l’objectif est de limiter les consommations énergétiques des bâtiments neufs. Conséquence du Grenelle de l’Environnement, la RT 2012 atteint désormais les niveaux du label BBC-Effinergie, les constructions neuves se voient fixer un seuil maximal de consommations d’énergie primaire (avant transformation et transport) inférieure à 50 kWh/m²/an.Par ailleurs, la France est toujours tenue par l’objectif de porter à au moins 23 % la consommation d’énergie produite à partir d’énergies renouvelables d’ici 2020. Alors que le secteur du bâtiment est l’un des plus énergivores avec près de 46% de l’énergie finale nationale consommée, des dispositifs ont été développés dans le cadre du Grenelle de l’environnement…et revus à la baisse au cours des années.

Etat des lieux des aides

Dans son plan de rigueur de novembre 2011, François Fillon annonçait la réduction de niches fiscales, avec dans le viseur un objectif de près de 2,6 milliards d'économies. Parmi les dispositifs concernés : la loi Scellier, visant à soutenir l'investissement locatif privé, en accordant des réductions d'impôts aux propriétaires qui s'engagent à louer un bien neuf pendant au moins 9 ans, sera supprimée à partir du 1er Janvier 2013. Au programme également : le crédit d'impôt développement durable diminué de 20 %.Ce dernier, modifié en 2012, fait partie des aides qui permettent de financer quelques équipements (solaire thermique, photovoltaïque, appareils de chauffage au bois ou biomasse, etc.) dans les constructions neuves. Toutefois, dès le 1er janvier 2013, ce dispositif ne sera pas reconduit pour les logements neufs. Pour les dépenses payées à compter du 1er janvier 2013, le crédit d’impôt sera réservé aux travaux réalisés dans des logements achevés depuis plus de 2 ans.

Des aides, plus d’accessions ?

Autre dispositif : Le prêt à taux zéro, qui a également été « recentré pour limiter son coût ». Jusqu’alors réservé à l'achat d'un logement neuf, le PTZ+ est de nouveau accessible depuis le mois de juin pour l'achat d'un logement ancien. Pour faciliter l’information auprès des particuliers, l’Ademe a publié un document et explique qu’ « en 2012, pour la rénovation, l’accent a été mis sur la rénovation de bouquets de travaux et sur des exigences accrues sur les matériaux et équipements. Par ailleurs, le taux de TVA réduit pour les travaux dans les logements est (en règle générale) passé de 5,5 à 7% ».Pour autant, une note datant de 2012 sur l’attitude des candidats à l’accession à l’égard des constructions BBC, l’ANIL (Agence Nationale pour l’Information sur le Logement) met en lumière le fait d’une « désaffection pour le label BBC dans l’accession à la propriété en maisons individuelles neuves». Parmi les raisons évoquées : Le surcoût du BBC et ou encore la difficulté de faire évoluer les comportements jugés trop contraignants pour l'utilisation des logements…[media width=600 height=450]480[/media]Pour Stéphane Maureau, président d’Evasol, une entreprise spécialisée dans la réalisation clé en main de bouquets de travaux estime qu’ « actuellement les aides de l’Etat sont suffisantes mais elles doivent être maintenues. La priorité, c’est la survie de ce qui existe et de rendre éligible aux revenus les plus modestes le prêt à taux zéro et de le simplifier pour une meilleure répartition des risques ». Egalement membre des Etats Généraux du Solaire Photovoltaïque (collectif informel regroupant des acteurs de la filière française de ce secteur dans le but de sensibiliser les pouvoirs publics et le public aux enjeux liés au développement du photovoltaïque en France), l’homme fait montre à ce sujet d’un certain pessimisme : « la filière du photovoltaïque est gravement malade, c’est l’état d’urgence, il faut revoir le mécanisme de baisse trimestrielle des tarifs d’achat de l’électricité photovoltaïque ».

Le prix de rachat de l’électricité en question

Tous les trois mois, EDF modifie le tarif du rachat de l’électricité. Le nouveau tarif est calculé selon le nombre de demandes de raccordement reçues par ERDF et l’ensemble des entreprises locales de distribution du trimestre précédent comme prévu par l’arrêté du 4 mars 2011. Pour la période du 1er avril au 30 juin 2012, le tarif d’achat de l’électricité provenant de l'énergie photovoltaïque est passé de 38,80 c€/kWh à 37,06 c€/kWh. Pour Stéphane Maureau : « Il faudrait que le trafic d’achat ne change plus d’ici la fin de l’année. Il faut relancer une filière en crise fortement touchée après le moratoire (ndlr : Décret n° 2010-1510 du 9 décembre 2010 suspendant l'obligation d'achat de l'électricité produite par certaines installations utilisant l'énergie radiative du soleil), car le secteur de photovoltaïque, notamment pour le résidentiel est porteur, avec des emplois non délocalisables ».[media width=600 height=450]482[/media]La France s’est donnée un objectif de 5,4 GWc cumulés en 2020. Fin 2011, la capacité totale du parc photovoltaïque français était égale à 2,3 GW. Un objectif timide au regard des investissements allemands : l’Allemagne a installé 3 GW dans le seul mois de décembre 2011 pour une capacité totale du parc allemand équivalente à 24,8 GW. (Source : http://www.observatoire-energiesolaire.fr).

Le développement durable, une filière créatrice d’emplois ?

En France, malgré la crise, les activités de l’économie verte progressent et les emplois « verts » ont connu une progression de 1,6 % alors que les autres secteurs ont régressé ou stagner (source Insee – Dossier Economie Verte). Philippe Mouillard est un entrepreneur. En 2011, il a créé « Green Planet Job » qui rassemble près de 300 entreprises référencées et entre 600 et 1000 CV dont le point commun est de faire partie des secteurs du bio, du développement durable et de l’environnement. « Fin 2011, explique-t-il, on constate une hausse globale des emplois « verts ». Le seul secteur des énergies renouvelables a gagné plus de 3200 postes en 2011. Les investissements doivent aujourd’hui aller vers les secteurs porteurs, les perspectives sont bonnes, il faut des mesures qui encouragent davantage la création d’emplois. »Une dynamique bien entachée par la crise du photovoltaïque et de l’éolien. En France, la filière photovoltaïque a créé 25 000 emplois entre 2007 et 2010. En 2010, l’emploi dans le photovoltaïque a perdu 50 % et l’éolien 85%... Selon une étude de l‘observatoire Trendéo, «En mars dernier, les filières vertes [ont] supprimé plus d’emplois qu’elles n’en avaient créés, pour la première fois depuis 2009. Le détail par filières fait apparaître une forte baisse de l’activité dans le secteur solaire. En 2011, le total des trois premiers trimestres n’atteint pas la centaine d’emplois créés. »Alors que François Hollande a réaffirmé dans son discours au Sommet de Rio+20 lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable que « pour sortir de la crise, nous avons besoin de plus de priorités données à l'environnement et au développement. […] »et que « le développement durable n'est pas une contrainte, c'est un levier », quelles seront les mesures opérées lors de la prochaine loi de Finances ? Stéphane Maureau, inquiet pour la santé du secteur du photovoltaïque, a rédigé plusieurs courriers destinés au nouveau Premier Ministre, au Ministre du redressement productif et à la nouvelle Ministre de l’Ecologie. Pour le moment restés sans réponse.

2012-07-17
Aucun article ne correspond à votre recherche ...
Chargement des articles ...