« Toujours des mots, encore des mots… parole, parole, parole »… C’est justement pour ne pas tomber dans la caricature des mouvements utopiques que les fondateurs de Mainstenant se sont tous relevé les manches pour que l'idée d’une ville reconnectée à ses campagnes puisse éclore plus rapidement. Ce collectif, devenu depuis peu une association, est aujourd'hui présidé par Nicolas Voisin, son cofondateur avec huit autres personnes. Celui qui à une autre époque s'est illustré en créant un média inédit, le défunt Owni, est totalement galvanisé quand il explique, très clairement, l'objectif d'une telle réunion de savoir-faire et d'esprits collaboratifs. « Une bonne partie d'entre nous s'est rencontrée à Nuit Debout. Pendant six mois nous avons lutté contre les institutions avec ce sentiment que cela ne suffisait pas, que nous n'allions pas gagner. Mais quitte à ne pas gagner tout de suite autant construire la suite du monde. Petit à petit s'est décantée cette idée d'aller travailler sur des lieux abandonnés avec une triple démarche : réappropriation des métiers traditionnels émancipateurs, création de classes buissonnières, reconnexion entre ville et campagne afin de nourrir les centres urbains grâce à la permaculture, l'aquaponie, les mini-fermes... » Et pourquoi ne pas faire des émules partout ailleurs en France tout en s'inspirant des démarches qui existent et qui sont convaincantes ?
Il ne faut pas être résigné. Nous inventons la suite. Je ne crois pas que cela soit utopique. Paradoxalement, c’est même plutôt dans l'air du temps. La plus âgée est architecte et travaille sur ces sujets depuis plus de trente ans. Le plus jeune a dix-neuf ans.
Maintenant, main dans la main (d'où le nom Mainstenant), ces néo-ruraux veulent donner leur chance aux générations futures de s'en sortir, de prendre en main leur futur alors même que le sens actuel de l'histoire ne joue pas en leur faveur. Nelson Mandela, a dit : « L'éducation est l'arme la plus puissante que vous pouvez utiliser pour changer le monde... ». C'est aussi le principal crédo de l'association. Ainsi, l'un des principaux objectifs est de parvenir à mettre en place ces fameuses écoles buissonnières afin d'accueillir des jeunes citadins une ou deux fois par semaine et de les mettre en contact avec la terre sur les deux premiers sites qu'ils expérimentent depuis l'été 2016 : « La plage » sur l'île du Platais (78) et l'ancienne piscine municipale d'Esbly (77). « Nous avons une whish list d'une dizaine de lieux en région parisienne sur lesquels nous nous documentons et deux lieux sur lesquels nous sommes désormais présents et avons entamés des discussions avec les habitants, les municipalités, et les propriétaires, explique Nicolas Voisin. La Marne et la Seine nous passionnent : il y a 250 îles dont un tiers ne sont pas occupées. Sur la Marne, il y a un potentiel incroyable car ce n'est pas une autoroute à bateau. La Seine, c'est plus compliqué... ».
Les difficultés ne proviennent pas essentiellement du trafic mais surtout du nombre d’interlocuteurs. Du côté de Platais, qui se situe à l'intersection de trois communes (Médan, Villennes-sur-Seine, Triel-sur-Seine) et se divise en deux parties (le village Physiopolis et « La Plage », un ancien complexe aquatique abandonné depuis le début des années 2000 et appartenant à des propriétaires privés), les démarches sont moins évidentes qu'à Esbly, où l'on s'achemine courant mars vers la signature d'une convention d'occupation précaire. Un projet à destination du conseil municipal a d'ailleurs été élaboré afin de se projeter durant les trois prochaines années. Il met en avant la réalisation d'une mini ferme, d'un espace de coworking, d'un fablab, d'espaces d'accueils pour les enfants dans les « soucoupes » en béton et de jardins de permaculture. Il y a donc deux dynamiques différentes et le collectif se fait un devoir de tout documenter sur les projets en cours d'une manière totalement transparente via son site Internet.
"Ces lieux, nous les aimons tels qu’ils sont, le but n’est pas de les transformer totalement pour gentrifier un territoire." Nicolas Voisin
Actuellement, et en attendant le feu vert de la mairie d'Esbly pour débuter des chantiers participatifs, une dizaine de membres, dont certains ont même abandonné leur travail, se retrouvent régulièrement à Physiopolis, l'ancien village dit naturiste initié sur l'île du Platais par les Frères Durvilles, où un sympathique voisin leur a mis à disposition pour l'hiver un chalet. Ils en profitent pour faire des études de sols, envisager la réhabilitation de bungalows, la mise en terre d’un potager avant de lancer très prochainement une campagne de Crowdfunding. L’autre grand chantier de l’année, c’est la rédaction d’un rapport destiné aux maires de France, afin de leur montrer l’intérêt de valoriser des territoires abandonnés en « oasis de vivre-ensemble ». « Ces lieux, nous les aimons tels qu’ils sont, le but n’est pas de les transformer totalement pour gentrifier un territoire », insiste Nicolas Voisin. Comment éviter la gentrification ? Tout simplement en travaillant avec d’autres associations comme Aurore et les Grands Voisins sur du logement précaire et des chantiers de réinsertion. Le chemin est encore long, mais chaque semaine, le collectif séduit de nouveaux membres ou sympathisants avec des talents et des savoir-faire qu’ils sont prêt à partager. Quand on pense open-source, collaboration et environnement, l’avenir prend tout de suite une tournure plus salvatrice.
En septembre 2011, la génération 93 pourra choisir le premier cursus post bac intégrant la notion de développement durable dans son programme. Baptisé STI2D (Sciences et technologies de l’industrie et du développement durable), ce bac technologique qui viendra remplacer la filière STI, aura quatre nouvelles matières à son programme : Système d’information et numérique (SIN), Energie et environnement (EE), Architecture et construction (AC) et Innovation technologique et éco-conception (ITEC). Cette filière, si elle ne donne aucun savoir-faire professionnel, permettra à ceux qui l’intègrent d’envisager un large éventail de formations jusqu’au niveau bac + 5, masters universitaires et diplômes d’ingénieur.
L'enjeu : sensibiliser certains élèves aux problématiques environnementales. Mais l’ensemble de cette génération de bacheliers aura-t-elle profité dans ses années de maternelle, d’école primaire, de collège et de lycée d’une éducation à l’environnement ? Pas vraiment car les réformes en la matière ont tardé à se mettre en place. Ainsi, si le ministère de l'Environnement propose dès le début des années 90 l'opération "Mille défis pour ma planète" aux enseignants, il s’agit d’une opération unique sur l’année et qui n’est pas imposée dans les programmes de l’Education nationale. A l’échelle locale, un projet de préservation de la nature est choisi par les enfants pendant les heures de cours et régulé ensuite par des adultes, qui se réunissent hors temps scolaire.
Dans les textes, une circulaire de 1977 définit pour la première fois les contenus et les méthodes de l’éducation à l’environnement. La dimension donnée est essentiellement écologique au sens scientifique du terme. Mais les aspects économiques ne sont pas absents. La notion de développement durable apparaît en filigrane. Concrètement, il faut attendre 2004 et une nouvelle circulaire qui remplace celle de 1977 et fait apparaître clairement la notion de développement durable. Elle préconise que "l’Éducation à l’Environnement pour un Développement Durable (EEDD) doit être une composante importante de la formation initiale des élèves, dès leur plus jeune âge et tout au long de leur scolarité, pour leur permettre d’acquérir des connaissances et des méthodes nécessaires pour se situer dans leur environnement et y agir de manière responsable. " Cette première phase définissait les conditions de généralisation de l’EDDD.
En 2007, un nouveau plan triennal (2007-2010) en faveur de l’éducation à l’environnement pour un développement durable (EDD) est annoncé. Cette deuxième phase vise trois objectifs : "inclure l’éducation au développement durable dans les programmes de toutes les disciplines à l’école, au collège et au lycée, multiplier les établissements en démarche de développement durable (EDDD) et former les professeurs à cet enseignement, quelle que soit leur discipline."
Si ces dispositions sont désormais obligatoires, le caractère interdisciplinaire de l’EDD rend difficile son application. Car l’EDD n’existe non pas sous forme d'une nouvelle discipline mais dans le cadre des disciplines existantes, à l’image de la biodiversité, enseignée en fil rouge tout au long du parcours scolaire. Difficilement contrôlable, l’enseignement du développement durable dans l’éducation est donc avant tout une question de volonté de la part des enseignants et de la direction des écoles. Certains cas prouvent pourtant qu’il est possible de placer l’EDD au cœur du programme éducatif. L’école du Colibri dans la Drôme s’applique ainsi à mettre en relation "les enfants avec le monde du vivant pour l’apprentissage d’un mode de vie respectueux aussi bien de la planète que des humains qui y séjournent, pour l’acquisition d’une responsabilité écologique et relationnelle." En Ardèche, "l'école de La Ferme des Enfants prend sa place au sein d'un écovillage à vocation pédagogique et intergénérationnelle : le Hameau des Buis." Enfin, si d’autres écoles ne jouissent pas d’un cadre naturel propice à cet apprentissage écologique, cela n’empêche pas certaines de valoriser la notion de développement durable dans leur programme à l’image de l’école Living School de Paris.
Sans aller aussi loin, des programmes ponctuels sont proposés aux écoles et aux enseignants. Plus faciles à mettre en place, ces derniers ont le mérite de faire plancher les élèves sur des situations concrètes. C’est par exemple le cas des Jeunes reporters pour l’Environnement (JRE). Ce programme d’éducation à l’environnement est destiné aux jeunes de 11 à 20 ans. Encadrés par leurs enseignants, les élèves mènent des enquêtes journalistiques sur des thématiques d’environnement local et communiquent leurs conclusions au grand public sur différents supports (écrit, audio, exposition, photo, vidéo, site internet…).
L’Eco-Ecole est quant à lui "un label décerné aux écoles élémentaires et secondaires qui s’engagent vers un fonctionnement éco-responsable et intègrent l’EDD dans les enseignements." Ici, les élèves, les enseignants, la direction et le personnel travaillent en partenariat avec les élus locaux, les associations locales et les parents d’élèves. Ensemble, ces partenaires locaux évaluent la situation environnementale de l’école lors d’un diagnostic relatif à l’eau, l’énergie, les déchets et l'alimentation. Au sein du comité de suivi, force d’impulsion du projet, ils définissent des actions pour améliorer la situation de départ puis ils évaluent la portée de ces actions.
Autre exemple avec le Stockholm junior water prize qui est un concours scientifique international pour les jeunes. Il vise à récompenser les initiatives d’amélioration de la qualité et de la gestion de l'eau ainsi que la protection des ressources en eau.
Enfin, les établissements d’enseignement peuvent aussi se lancer dans des actions éducatives d'impulsion ministérielle comme les classes de découverte ou les ateliers scientifiques et techniques. Certaines actions proposées aux écoles, collèges ou lycées sont également menées conjointement par le ministère de l'Éducation nationale et différents partenaires à l’image de celle de l’année dernière baptisée "L'eau, une ressource vitale". Un kit d'exposition et des documents pédagogiques sont fournis aux classes participantes.
Mais là encore, les textes indiquent que "les enseignants ont la possibilité de monter des projets". Aucune obligation n’est mentionnée, et il en va donc avant tout de la bonne volonté des enseignants et directeurs d’école. Charge à eux de former la génération verte de demain.
Au travers de ces concepts, l'idée est de mettre à l'honneur savoir-faire traditionnel, éditions limitées et proximité avec des producteurs locaux. De plus en plus de griffes utilisent l'argument éthique, des labels apparaissent, des salons s'organisent mais ce nouveau marché réussit-il à s'imposer alors que près de 80% des vêtements sont confectionnés en Asie ? Le point sur la mode éthique.
Dans sa boutique parisienne, Tamara Tung, créatrice de By Mutation réalise des collections de mode féminine en série limitée à partir des surplus de productions des griffes de luxe comme Agnès B ou Vuitton qu'elle récupère, dans un esprit très « Upcycling ». Aussi, elle fait confectionner ses vêtements à Paris, l'atelier de fabrication étant à quelques minutes de sa boutique. Du recyclage, une empreinte carbone quasi nulle... Sa démarche s'affiche résolument « écologique »: « Je ne voulais pas fabriquer plus en sachant qu'on peut valoriser des tissus de grande qualité destinés à être perdus. Personnellement, je n'aime pas le terme de mode éthique qui regroupe des notions assez différentes, entre l'utilisation de coton bio ou le fait de respecter les règles du commerce équitable. On s'y perd. Ma marque se positionne comme une griffe engagée, qui défend le Made in France», explique Tamara.
Alors, existe-il une définition claire de la mode éthique ? Si l'on en croit les critères mis en place pour sélectionner les créateurs lors de l'Ethical Fashion Show, premier salon international de la mode éthique, les pièces se doivent d'être produites dans des conditions respectueuses de l'homme (Respect des conditions des travailleurs conformément aux conventions de l'Organisation Internationale du Travail, ect), de minimiser l'impact environnemental des filières de fabrication et enfin de pérenniser les savoir-faire locaux. Depuis quelques années, les marques de mode éthique se multiplient : Baskets Veja, robes Les fées du Bengale ou Ekyog. Et le phénomène semble prendre de l'ampleur : l'Ehical Fashion show rassemblait 20 marques à ses débuts en 2004 pour arriver à près de 90 en 2010.
Cependant, même si le nombre de créateurs mettant en place des critères sociaux et environnementaux augmente, les habitudes de consommation semblent avoir la dent dure en matière de mode. En effet, selon une étude de l'Institut Français de la Mode, seuls 28% des français déclarent avoir déjà acheté un vêtement bio ou équitable (soit 7% de plus qu'en 2007) et 37% la connaissant mais ne l'achètent pas (Source étude IFM 2009 « Mode et consommation responsable, regards des consommateurs»).
Pour Isabelle Quéhé, fondatrice du salon de la mode éthique, cela s'explique notamment par le réseau de distribution : « Même s'ils se développent, les points de vente sont encore parfois difficiles à trouver et ne sont pas toujours très “tendance”. La mode éthique pâtit encore trop de cette image “babacool” qui lui a été collée dans les années 1980. » Pourtant, de nombreux créateurs essaient d 'offrir des lignes plus en vogue à l'instar de Tamara, créatrice de By Mutation : « Je ne me reconnaissais pas dans les lignes de la mode éthique qu'on trouvait à l'époque, un peu limitée au niveau des coupes, des coloris et des imprimés ».
Autre frein : les tarifs. Pour autant, le prix d'une jupe chez Ekyog se situe dans la même fourchette que chez Sandro ou Le Comptoir des Cotonniers.
L'arrivée de l’empreinte carbone des produits de grande consommation sur les étiquettes pourrait-elle modifier le comportement des consommateurs en matière de mode ? Dans le cadre du Grenelle 2, l’article 228 de la Loi indique qu’à partir du 1er juillet 2011, une expérimentation sera menée, pour une durée minimale d'une année, « afin d'informer progressivement le consommateur par tout procédé approprié du contenu en équivalent carbone des produits et de leur emballage, ainsi que de la consommation de ressources naturelles ou de l'impact sur les milieux naturels ».
Avec 18 entreprises pour le secteur textile et quelques dizaines de produits, ce geste pourrai faire figure de goutte d'eau dans l'océan. Le CLCV ( Consommation, Logement, Cadre de Vie), association de consommateurs a par ailleurs souligné « le recul des députés qui ont repoussé au 1er juillet 20 11 le début de l’affichage du « contenu carbone » des produits de grande consommation et de leur impact sur les milieux naturels, et seulement à titre expérimental sur un nombre limité de produits. ». De plus, ne sont évoqués ici que les seuls aspects environnementaux. Comme le souligne la fondatrice de l'Ethical Fashion Show : « une fois de plus, on parle “environnement ». Le côté humain n’est pas mis en avant. Un produit peut avoir une empreinte carbone relativement basse, mais qu’en sera-t-il des conditions de travail sur la chaîne de fabrication? C’est bien sûr un aspect difficile à “étiqueter”, et pourtant, c’est tout aussi important. »
Du chemin reste donc à parcourir pour que les critères de la mode éthique deviennent les standards de la mode dans ce secteur. La mode durable est-elle une oxymore au regard du rythme des collections et des tendances qui s'enchainent?
Depuis les années 1990, les villes françaises, Paris et les grandes agglomérations en tête ont accueilli un nombre toujours plus important de résidences sécurisées, à l'image du modèle américain des gated communities, bien connu. Les premiers exemples sont apparus sous la forme de domaines d'exception de luxe pour personnes aisées, sorte de « ghetto doré » qui souhaitait réserver un certain nombre de services (cours de tennis, piscine, ect.) aux seuls habitants. Progressivement, les services de sécurité comme les digicodes et grillages se sont ouverts aux classes moyennes jusqu'à concernés aussi des logements sociaux.
Un état des lieux qui illustre le caractère polymorphe de ces résidences à la française, bien que s'articulant autour du même concept : démarquer la propriété privée de l'espace public. En parallèle, cette problématique s'est progressivement affichée comme un domaine d'intervention de plus en plus sensible pour les pouvoirs publics, notamment pour des aspects sécuritaires.
Doit-on y voir une relation de causes à effets? Peut-on mettre en lien la croissance de cette nouvelle forme d'habitat avec la montée du sentiment d'insécurité qu'il soit réel ou fantasmé ? Selon les auteurs de « Quartiers sécurisés , un nouveau défi pour la ville » (Les Carnets de l'info, 2010) : « Si les ensembles résidentiels fermés en France prolifèrent sur fond de montée en puissance d'un ordre sécuritaire, une nette discordance peut être notée toutefois entre les promoteurs et les résidents quand à la place réservée précisément à l'objectif sécuritaire dans l'argumentaire justifiant le développement de la fermeture ». Ainsi, il semble que les habitants ne semblent pas revendiquer le critère de sécurité dans le choix de ce type d'habitation. Un aspect à relativiser car il s'agit de déclarations qui peuvent être difficile à assumer et donc non énoncées. Pour les auteurs, ces questions représentent davantage un argument commercial pour les promoteurs, les habitants recherchant un certain confort et l'impression de disposer d'une qualité de vie plutôt privilégiée .
De plus, les auteurs de l'ouvrage estiment également que ces formes d'habitat « participent d'une mise en surveillance de pans croissants de l'espace ». En effet, une des questions fondamentales qui sous-tend ce débat est l'importance des dangers que représente la multiplication des résidences sécurisées et leur influence sur la morcellisation de l'espace urbain. Pour la sociologie et urbaniste Amélie Flamand qui a réalisé une thèse sur la séparation des espaces publics et privés : « Les enjeux qui déterminent les espaces intermédiaires (escaliers, coursives, jardin, ect) restent les mêmes dans le cas de résidences sécurisées. On retrouve notamment l'importance de ces lieux comme zone de transition entre le public et le privé et le besoin d'appropriation d'un territoire. Cependant, elles représentent un danger de repli sur soi voire d'une sécession urbaine, sociale et politique à l'image de certaines résidences aux États-Unis qui ont demandé de disposer de leur propre fiscalité, cela suppose la création d'un État dans un État ».
Aussi, la multiplication de ce type de résidences est concomitante avec la multiplication du nombre de vidéos surveillance sur le territoire urbain. L'ouvrage cité précédemment met en avant la tendance qui vise à « la montée en puissance d'un territoire sous surveillance et le recours de plus en plus massif à la technologie, en particulier la vidéo surveillance. Le gouvernement française mise ainsi massivement sur cette technique, au nom de la lutte contre la délinquance, l'objectif étant de passer de 2000 caméras aujourd'hui (ndlr : début 2010) à 60.000 d'ici fin 2011 ».
Une situation qui soulève aussi la question de l'appropriation de l'espace urbain, de la place de l'individu dans cet espace et de son intimité. Le travail du photographe Micheal Wolff présenté actuellement dans l'exposition « Peurs sur la ville » à la Monnaie de Paris* offre une approche photographique des inquiétudes face à la prolifération d'images prises par ces vidéos surveillance et d'autres logiciels. Avec « I see you », c'est Google street view qui est pointé du doigt. Les visuels mettent en scène des passants anonymes, des couples qui s'embrassent, mettent ainsi en évidence le « viol » de l'intime par ces yeux cachés.
Comme le souligne Guillaume Foucher, directeur de la Galerie Particulière : « Google Street View est supposé flouter et protéger les renseignements de type privé, la réalité est toute autre et montre une claire intrusion dans nos vies et une violation de notre droit à l'image, pouvant même porter atteinte à la sécurité nationale (reconnaissance des personnes, lisibilité des plaques d'immatriculation, visibilité des accès secondaires des banques et des ministères, photographies des rondes de nuit devant les prisons, etc.) »
Si l'on en croit les caractéristiques du projet pharaonique chinois « Songdo New City » prévu à l'horizon 2014 et présenté comme « la » ville du futur, l'argument sécuritaire s'impose comme un incontournable paradigme à prendre en considération à côté des aspects high tech et écolo. Les trois piliers de la ville de demain?
*« Quartiers sécurisés , un nouveau défi pour la ville » (Les Carnets de l'info, 2010) de G. Billard, J. Chevalier, F. Madoré et F. Vuaillat
* "Peurs sur la ville". Jusqu'au 17 avril 2011
MONNAIE DE PARIS, 11, quai de Conti 75006 PARIS www.monnaiedeparis.fr
A quelques jours de l’ouverture du Salon de l’agriculture, une polémique secoue le monde agricole. Le « scandale », selon les termes du ministre Bruno Le Maire, est arrivé hier via une campagne d’affichage de France Nature Environnement (FNE). Pour rappeler au gouvernement les objectifs fixés lors du Grenelle par le plan Ecophyto 2018 (soit la limitation des intrants dans l’agriculture), le réseau d’associations écologistes a programmé la diffusion de six visuels dans 3 stations de métro parisiennes. Des effets dévastateurs des pesticides sur les abeilles à ceux des nitrates sur les plages bretonnes, en passant par les dangers potentiels des OGM, ces affiches pointent les conséquences de l’agriculture intensive sur l’environnement et la santé. "Le salon de l’agriculture est l’occasion, pour de nombreux citoyens, d’aller à la rencontre du monde agricole, explique Bruno Genty, président de l’association. La dimension festive de l’évènement ne doit pas interdire tout débat à propos d’un modèle de production dont les impacts environnementaux ne sont plus à démontrer. »
Avant même son lancement officiel le mardi 15 février, la campagne de FNE suscitait une levée de boucliers. Premiers à monter au créneau : l’Inaporc et Interbev. Jugeant les affiches préjudiciables à l’image des éleveurs, les deux représentants des filières porcines et bovines ont saisi la justice pour tenter de faire interdire la diffusion des affiches. Sans succès.
Le deuxième coup porté à la campagne d’affichage est venu de la RATP : sous prétexte qu’ils étaient trop polémiques, la compagnie de transport parisien décidait hier de ne pas diffuser trois des six visuels. Parmi eux, cette photographie d’une plage bretonne couverte d’algues vertes :
Depuis, les réactions se multiplient. Dans le journal Libération, Bruno Le Maire disait ce matin sa « colère » et son « indignation » et dénonçait l’amalgame « agriculteurs=pollueurs » auquel conduisait selon lui la campagne. Le comité régional du tourisme de Bretagne fustigeait quant à lui une annonce qui « nuit clairement à l’ensemble des professionnels du tourisme breton » (pour lire l’ensemble de la lettre adressée à FNE, cliquer ici). Même son de cloque chez le député UMP Marc Le Fur : «Cette affiche, dit-il, n'est pas une affiche de protection de l'environnement mais une affiche anti-bretonne». Ailleurs, on dénonce une campagne pour bobos parisiens ignorants des réalités rurales et suffisamment fortunés pour avoir les moyens de se nourrir autrement. Ambiance.
Disons-le franchement : les réactions indignées à la campagne de FNE nous laissent perplexe. A commencer par celle de Bruno Le Maire, qui accuse les affiches de nier « la détresse qui a conduit certains agriculteurs au suicide. » Outre qu’il exonère le modèle productiviste de toute responsabilité dans l’étranglement financier des exploitants agricoles, un tel propos laisse entendre que FNE stigmatise la profession dans son ensemble. Or, la campagne ne s’élève pas contre l’agriculture, mais son versant industriel : « FNE ne se bat pas contre les agriculteurs mais bien contre un modèle dont ces mêmes agriculteurs sont souvent les premières victimes », rappelle Bruno Genty dans un communiqué. Et Benoît Hartman, porte parole de FNE, ajoute : « Il y a un autre modèle agricole, et nous le défendons. Par exemple, l’agriculture biologique est beaucoup plus rémunératrice pour les exploitants, auxquels elle offre plus de marges bénéficiaires. »
La réaction bretonne est plus curieuse encore : elle étonne dans un contexte où la prolifération des algues vertes sur les plages est déjà dans les médias un sujet récurrent, sinon un marronnier. D'autant plus qu'il n’y a pas grand monde pour contester les causes du phénomène, et le ministère de l’écologie et du développement durable lui-même pointe du doigt les éleveurs de porcs (voir ici)...
Dès lors qu’elles ne font que redire ce qui a déjà été énoncé partout, pourquoi les affiches de FNE suscitent-elles ce tollé ? « Il est clair qu’on tire sur le messager, explique Benoît Hartman. On nous accuse de donner une mauvaise image de la Bretagne, mais les photographies utilisées sur les affiches ne sont pas des photo-montages. Qu’est-ce qui donne une mauvaise image de la Bretagne ? C’est une certaine manière de faire de l’agriculture, dont les conséquences se font sentir non seulement en Bretagne, mais aussi en Normandie et en Vendée. »
En fait, la polémique en cours montre une fois de plus combien la communication des entreprises et institutions étouffe tout débat de qualité quant aux enjeux sanitaires et environnementaux de notre alimentation. Quand le salon de l’agriculture voudrait véhiculer auprès du grand public l’image lénifiante d’un terroir où se fabriquent dans le pur respect de la tradition de la bonne viande et de bons frometons, les affiches de FNE jettent un éclairage nettement plus cru sur le système agricole français, et c’est bien ce qu’on leur reproche in fine.
L'omerta qui entoure le système productiviste explique aussi qu'à sa mise en cause se heurtent toujours les mêmes arguments, dont voici le résumé : « Le bio, c'est pour les bobos. L’agriculture intensive, ça fait des dégâts, mais c’est la seule façon de nourrir la planète. » Interrogé sur ce point, Benoît Hartman évoque un mythe à déconstruire : « On jette 50% de ce qu’on produit, explique-t-il. Pour nourrir tout le monde, il y a donc de la marge. Et puis, un repas bio préparé soi-même reviendra toujours moins cher que d’acheter des produits préparés ou transformés. Surtout que plus on achète bio, plus la filière se développe, et plus les prix baissent. »
Le coût annuel moyen d'un véhicule personnel s'élèverait en moyenne à 5000 euros. Difficultés de stationnement, mauvaise image en matière d'écologie... d'autres aspects qui favorisent l'apparition d'initiatives qui tentent de répondre aux nouvelles problématiques économiques et écologiques liées à la voiture.
Selon l'Ademe, en 2009, la voiture en libre-service était disponible dans 24 villes françaises dont Marseille, Lyon, Strasbourg ou encore Grenoble. Ce service, principalement installé dans des villes de plus de 100 000 habitants, s'étend désormais dans les villes moyennes. Depuis les années 1990, l'auto-partage se développe fortement en Europe, notamment en Suisse, en Allemagne ainsi qu'en Amérique du Nord. À Paris, un projet d’autopartage mis en place par la mairie doit voir le jour à l'automne 2011. Selon une enquête de l'Ifop pour Le Journal du Dimanche publié en septembre 2009, 61% des 598 Parisiens interrogés se déclarent intéressés par l'Autolib'. Un succès qui s'explique notamment par le fait que ce dispositif s'inscrit dans une offre de déplacements multimodale en mettant à disposition l'usage d'une voiture, seulement pour le temps nécessaire. Ne pas disposer de véhicules de façon permanente permet d'encourager les modes transports doux (vélo, bus, ect.) et ainsi limiter les émissions de gaz à effet de serre. Toujours selon l'Ademe, une voiture partagée remplace entre 4 et 8 voitures privées. Une étude OSEA / ANVAR estime le gain annuel à 1,2 tonne de CO2 par usager, soit à peu près 60 % de ce que l'on rejette par an en se déplaçant.
Des stations d'auto partage se font progressivement une place dans la sphère privée notamment dans des projets d'aménagements pionniers en matière d' « d'écoquartier » comme dans le projet de la ZAC Rungis, à Paris prévu à l'horizon 2014. 8 véhicules en auto-partage seront installés dans un premier temps et la capacité d’accueil pourra aller jusqu’à 20 véhicules. Ces alternatives mettent en avant de nouvelles habitudes de consommation qui détrônent les sacro-saintes valeurs de propriété. L'idée de « partage » se répand même dans d'autres usages tels que le transport en taxi. Sites Internet mais aussi applications pour smartphones permettent de mettre en relation des voyageurs souhaitant partager leur voyage pour en réduire le coût mais aussi faire de nouvelles connaissances.
En marge du co-voiturage, le marché de la location de voitures entre particuliers arrive en France après avoir déjà fait ses preuves aux Etas-Unis. Zilok, Voiturelib ou encore Deways : ce sites cherchent à proposer des réponses aux nouveaux besoins et usages en matière d'utilisation de véhicules. Installés sur le Campus de l’Essec depuis septembre 2010, les trois associés de Deways aspirent à «créer une vraie communauté qui partagent des valeurs de convivialité », explique Noël Paganelli, l'un des associés. Le principe? D'un côté, des propriétaires partagent leur véhicule avec la communauté en échange d'une compensation financière, de l'autre des conducteurs disposent d'un ensemble de véhicules adaptés à leurs besoins et n’en payent que l'usage. Premier bénéfice mis en avant pour rassurer les quelques frileux qui auraient peur de laisser leur voiture : l'apport financier. En moyenne, le loueur peut engendrer 250€/mois avec un record atteint de 420€/mois depuis la mise en place du système. Selon les fondateurs du projet, les jeunes montrent moins d'hésitations que leurs aînés. « Pour démarrer, on vise une communauté d'étudiants, plus disposés à adopter de nouveaux comportements. C'est la génération « bons plans sur internet », et rodée aux échanges sur les réseaux sociaux », estime Noël Paganelli. « C'est aussi une approche responsable d’utilisation de sa voiture car avec ce type de système, on n'augmente pas le parc automobile ». D'autres campus devraient voir arriver prochainement ce type de services, qui devraient se développer plus généralement en France.
L'enjeu : élaborer un accord global pour faire suite au protocole de Kyoto, et définir des objectifs précis de réduction de GES (gaz à effet de serre) pour la période 2013-2017. A l'occasion du Blog action day, qui vise à mobiliser les internautes sur les risques liés au changement climatique, les Ecofaubourgs font le point sur ce sommet crucial.
Le sommet de Copenhague est organisé par l'ONU, dans le cadre de la CCNUCC (convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques). Elaborée en 1990 et signée par 154 pays lors du sommet de la Terre à Rio en 1992, celle-ci a pour objectif d'assurer la stabilisation des émissions de GES. Copenhague sera la 15e réunion des Parties (pays signataires de la CCNUCC), d'où le nom donné à la conférence : COP15 (Conference of parties n°15).
Les 200 pays participants sont regroupés en 5 groupes stratégiques :
Par ailleurs, les ONG comptent sur une large mobilisation citoyenne en marge du sommet. Leur objectif : mettre une pression sans précédent sur les parties pour aboutir à un accord ambitieux, comme le montre la vidéo ci-dessous.
L'enjeu du sommet de Copenhague est simple en apparence : limiter le réchauffement climatique à 2°C en fin de siècle par rapport à la période 1980-1999. Or, pour atteindre cet objectif, le GIEC (groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat) préconise de réduire de 25% à 40% les émissions de GES des pays développés d'ici 2020. Un objectif beaucoup plus ambitieux donc, que celui fixé en 1997 à Kyoto, où a été décidée une réduction des émissions de GES d'au moins 5,2 % entre 2005 et 2012.
Autre défi : fonder un nouveau mécanisme de collecte mondiale pour assurer la collaboration des pays industrialisés et de pays en développement (PDE). De même, il s'agit d'assurer le transfert des technologies des premiers vers les seconds.
Enfin, la lutte contre la déforestation, qui aggrave le changement climatique, s'annonce comme l'un des points forts du sommet.
Le succès de Copenhague dépend d'abord de la capacité des grandes puissances à trouver un accord. Or, si l'Europe plaide en faveur d'objectifs ambitieux, les Etats-Unis, qui avaient refusé de ratifier le protocole de Kyoto, suscitent plus d'inquiétude que d'espoir : non seulement la lutte contre le changement climatique s'y résume à la volonté de mettre en oeuvre un marché des émissions, le « Cap and Trade », mais ce dernier se heurte à l'hostilité des républicains et d'une majorité des entreprises américaines, qui y voient une « taxe nationale sur l'énergie ».
Ensuite, selon une étude du Centre d'analyses stratégique parue en septembre, l'issue de Copenhague est étroitement liée à la question des rapports Nord-Sud. Pour les participants, l'un des enjeux majeurs du sommet sera de trouver une juste répartition des efforts entre responsables « historiques » du changement climatique et pays émergents. Or, si les pays industrialisés veulent obtenir davantage d'efforts de PED comme l'Inde et la Chine (celle-ci est le 1er émetteur mondial de GES depuis 2007), ces derniers défendent mordicus leur statut dérogatoire, qui les exonère pour l'instant d'objectifs contraignants.
Le site officiel de la conférence : http://fr.cop15.dk/
La scène se répète chaque mardi dans cette petite rue du centre parisien. De 18h à 21h, des citadins et citadines de tous âges se succèdent à la porte du syndicat d'initiative. Ayant adhéré à l'AMAP la plus proche (association pour le maintien de l'agriculture paysanne), ils viennent y chercher leur panier hebdomadaire de fruits et légumes.
Le producteur (ce jour-là, une productrice) supervise la distribution d'un oeil bienveillant. Fidèles à l'obligation de participer au fonctionnement de l'association, deux bénévoles renseignent consommateurs et curieux.
La bonne humeur règne sur ce marché de fortune, d'où chacun repart avec un panier plein de tomates, pommes de terre, carottes, courgettes, tomates cerises, poivrons, aubergines, salades et légumes de saison obtenus contre 15 payés d'avance. Moyennant une obole supplémentaire, les gourmands peuvent compléter leur panier d'un pot de miel, d'oeufs ou de fromage. Le tout produit dans une ferme située à moins de 100 km de Paris, aux environs de Beauvais.
Né au Japon dans les années 60 et débarqué en France il y a moins de 10 ans, le système des AMAP séduit de plus en plus. Son principe est simple : un groupe de consommateurs passe un partenariat avec un agriculteur local, et s'engage à acheter l'ensemble de sa production ; quant au producteur, il fournit à ses clients des aliments bios et produits localement. Ce système a l'avantage de supprimer tous les intermédiaires. Pour le plus grand plaisir du client : « J'ai fait le calcul, nous confie Stéphanie, une adhérente, et je dois dire que c'est rentable. Mais chut ! Sinon, tout le monde voudra s'inscrire et il n'y en aura pas assez de place. »
De fait, les AMAP peinent à satisfaire les demandes d'adhésion. Si les citadins plébicitent un mode de distribution privilégiant proximité et convivialité, les agriculteurs, eux, n'ont pas toujours les moyens de rompre avec la logique productiviste. C'est d'ailleurs l'une des limites de l'association. « La demande est de très loin supérieure à l'offre, nous confirme Charlotte, jeune agricultrice chargée de superviser la distribution. Les exploitants manquent de terres, et sans terre, rien n'est possible. » Responsables de cette pénurie, l'étalement urbain, les subventions accordées à la mise en jachère ou la concurrence des grandes exploitations, qui sont autant de freins au développement des AMAP. Au grand dam des consommateurs firands d'alternatives.
Réduire, réutiliser et recycler : l'objectif zéro déchet est d'une simplicité désarmante. Voici comment faire.
Réduire, réutiliser et recycler : l'objectif zéro déchet est d'une simplicité désarmante. L'ordre de ces « trois R » est important. Il s'agit en effet de tendre en premier lieu à l'élimination des déchets à la source, de bannir ensuite le jetable au profit du durable, et enfin de valoriser au mieux les déchets subsistants.
Le fonctionnement se veut proche de celui des écosystèmes : une logique cyclique, plutôt que linéaire, dans laquelle les déchets des uns constituent une ressource pour les autres. L'objectif zéro déchet vise donc plus précisément à réduire au minimum possible les déchets résiduels qui subsistent à la fin de la chaîne de traitement.
En France, c'est 80 % des déchets ménagers qui étaient encore mis en décharge ou incinérés en 2004, contre 13% triés pour recyclage et 6% subissant un traitement biologique (compostage ou méthanisation).La mise en décharge est pourtant limitée depuis le 1er juillet 2002 aux seuls déchets ultimes, c'est-à-dire ceux dont on ne peut plus réduire le caractère polluant ou dangereux « dans les conditions techniques et économiques du moment ». Si ces limites techniques et économiques existent en effet, force est de constater que l'objectif zéro déchet n'est pas un simple leurre.
La valorisation matière (recyclage, compost) ou énergétique (récupération de chaleur, production de biogaz) permet à nos déchets d'être à nouveau utilisés comme matière première.
Les politiques zéro déchets font intervenir une palette de techniques, qui, combinées, permettent de maximiser la valorisation. Parmi les initiatives les plus souvent retenues : mise en place du tri sélectif permettant un recyclage plus efficace, distribution de composteurs individuels et mise en place de plateformes de compostage collectif.
Mais la démarche ne se réduit pas au recyclage ou à la valorisation. Les politiques zéro déchet visent à encourager la production propre et l'éco-conception des produits, pour réduire à la source la quantité de déchets produite, et surtout limiter l'utilisation de matériaux polluants ou qui ne pourraient être traités.
De nombreuses collectivités dans le monde ont d'ores et déjà mis en place leur plan zéro déchet.
La Nouvelle-Zélande est l'un des pays précurseurs, le gouvernement ayant dès 1997 créé une fondation vouée à la promotion de cette politique. La Zero Waste New Zealand Trust accompagne ainsi plus de la moitié des collectivités locales du pays. Dans certaines d'entre elles, jusqu'à 80% des déchets sont détournés de la mise en décharge.
Certaines communes françaises sont également engagées depuis plusieurs années dans une démarche de réduction active des déchets. Dans la Communauté de Communes de la Porte d'Alsace, où l'on a distribué des composteurs à partir de 1994 et mis en oeuvre la pesée-embarquée dès 2001, 70% des déchets collectés sont désormais destinés à la valorisation matière.
Chiffres : ADEME (France), Zero Waste NZ Trust, Communauté de Communes de la Porte d'Alsace.